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Serge Côté Rabid Habs

Published on Friday, August 5, 2016

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Le top-D de la LNAH de retour à Thetford

L’Assurancia de Thetford Mines a annoncé, lundi dernier, qu’il s’était entendu avec deux joueurs, dont son pilier défensif Matthew Medley. Cette entente arrive à la suite d’une saison de rêve pour le vétéran défenseur, saison au cours de laquelle il a amassé 41 points en 35 matchs et été sacré meilleur défenseur de la LNAH, huit ans après avoir été nommé recrue défensive de l’année. Des deux honneurs, c’est le trophée Éric-Messier qui le rend le plus fier, a-t-il mentionné dans une entrevue accordée samedi et au cours de laquelle il a fait preuve de beaucoup de franchise et d’ouverture:

Avoir été préféré à un Bruno St-Jacques, qui a joué dans la Ligue Nationale et pour moi est l’une des images de la ligue, sinon une idole, me rend très privilégié. Certains sont nostalgiques de l’époque du semi-pro, mais dans ce temps-là, il n’y avait pas de défenseurs du calibre de St-Jacques. Peut-être Bobby Dollas, mais Bruno, c’est un leader, man, c’est tout un joueur de hockey. Il frappe, il produit, etc. Juste le fait d’être nominé en compagnie d’un gars comme ça est pour moi un honneur, alors oui, le trophée Éric-Messier est l’un des bons que j’ai gagnés, d’autant plus que j’ai travaillé fort et je crois que je ne l’ai pas volé. Pour certains défenseurs qui évoluent derrière une puissante offensive, il peut être plus facile d’amasser des points. Mais nous n’avions pas la meilleure attaque cette saison et avons perdu Marc-Olivier Vallerand en cours de route, ce qui ne nous a pas aidés. Nous n’avions pas de Thomas Beauregard, par exemple, à qui tu n’as qu’à passer la rondelle pour empiler les points. Mais au lieu de nous écraser lorsque nous avons perdu notre meilleur marqueur, nous nous sommes regroupés et avons travaillé deux fois plus fort.

Productif tout au long de sa carrière professionnelle, Medley, malgré ses 33 ans, ne ralentit pas et semble au contraire taillé sur mesure pour le nouveau style de la LNAH, qui donne de plus en plus de place au talent et offre maintenant un parfait équilibre entre finesse et robustesse.

Source: www.wliteprospects.com

Source: www.wliteprospects.com

Medley, qui évolue dans la LNAH depuis 2007-08, est à même de constater la différence entre le style très robuste qui fut autrefois la marque de commerce de la ligue et celui plus équilibré qui prévaut depuis quelques saisons:

Il y a plusieurs années que je joue dans la LNAH et encore plus longtemps que je la suis, ayant commencé à assister aux matchs dans ma jeunesse. Aujourd’hui, le tempo est beaucoup plus rapide et donne plus de place au patin, ce qui rend la transition plus facile pour un défenseur de mon style, contrairement aux joueurs moins mobiles, qui eux ont peut-être plus de difficulté à s’adapter.

Mais j’ai connu l’époque très robuste et man, c’était tough! De plus, un grand nombre de bagarreurs étaient aussi d’excellents joueurs de hockey qui cumulaient 50-60 points en une saison. On voyait des joueurs plus petits se frotter à des gars deux fois plus gros qu’eux et qui n’avaient pas froid aux yeux. Un gars comme Manuel Fréchette, par exemple, n’était pas le plus gros mais jetait les gants contre n’importe qui. Il se battait régulièrement contre des joueurs de 6’4 et jamais il ne s’est fait défigurer. Je crois d’ailleurs que “Manu”, comme plusieurs autres #Warriors, devrait avoir sa place au Temple de la Renommée de la ligue. Que ceux qui ont rempli les arénas avec leurs poings devraient y être admis autant que ceux qui l’ont fait avec leurs points.

L’un de ces joueurs dont les poings ont rempli des sièges (et le font encore) est son légendaire coéquipier Joël “The Animal” Thériault, qui selon Medley, est un excellent joueur de hockey et “un (bleep) de bon gars qui veut gagner autant que moi”, comme en témoigne sa sélection au quatrième tour de l’encan 1995 par les Capitals de Washington. Lorsque joint, Thériault ne tarissait pas d’éloges non plus envers Medley et se réjouissait de son retour à Thetford:

Matthew Medley est le meilleur défenseur de la ligue. Même Éric Doucet m’a déjà dit qu’il est le défenseur le plus difficile à déborder ou déjouer dans toute la LNAH. En plus, c’est mon chum, c’est un vrai, pis je l’aime. Peu importe le salaire qu’ils lui donnent, il mérite au moins $100.00 de plus par match!

L’entraîneur et directeur-général de l’Assurancia Bobby Baril est évidemment lui aussi très heureux du retour de son pilier défensif, qu’il côtoie depuis plusieurs années, hormis un séjour de 18 matchs de Medley à Valleyfield et avec qui il a remporté deux championnats:

Matthew fait partie intégrante de notre noyau, de notre colonne vertébrale. Je suis très heureux de le revoir à Thetford, tant en raison de ce qu’il accomplit sur la patinoire qu’hors de la glace. Je connais Matthew depuis longtemps, je le connais très bien et ai un énorme respect pour l’homme et pour le joueur.

Considérant l’éloignement de Thetford Mines pour bien des joueurs et la fréquence des transactions dans la LNAH, la stabilité du noyau de l’Assurancia, dont la plupart des membres revient année après année, est plutôt étonnante. Comment expliquer qu’autant de joueurs choisissent de rester à Thetford pendant aussi longtemps?

On est un petit marché, dit Baril. On essaie donc de s’arranger pour bien faire les choses afin que les gars soient bien à Thetford et année après année, ils reviennent. Je suis quelqu’un qui croit énormément en la stabilité et quand des leaders comme Matthew et Sébastien Courcelles, entre autres, reviennent tous les ans, ça démontre le sérieux de notre organisation et nous sommes contents de compter sur des gars comme ça.

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Championnat 2015 de l’Isothermic, ancien nom de l’Assurancia – Photo: Martin Photo Action

Medley, très en verve, en a rajouté:

C’est une bonne organisation qui respecte les joueurs. Mais avant tout, l’esprit d’équipe est ce qui fait en sorte qu’ils veulent rester. Depuis mes débuts à Thetford, il y a toujours eu une belle chimie entre les joueurs. Lors de notre premier championnat, en particulier, nous n’avions pas la formation la plus talentueuse, mais notre équipe était celle qui se tenait le plus, qui travaillait le plus. C’est une mentalité qu’on a implantée à Thetford: il faut toujours se tenir et travailler ensemble. On passe du temps ensemble. Nous avons souvent deux partys d’équipe par saison. On est des chums hors de la glace. C’est important d’avoir cet esprit d’équipe, surtout à Thetford, où les entraînements sont rares en raison de l’éloignement. La cohésion doit venir de quelque part et c’est notre chimie qui fait notre force.

Lors du repêchage de l’an dernier, d’ailleurs, j’en avais parlé avec l’entraîneur des 3L Alain Gardner: je lui avais dit que dans cette ligue, ce qui est important, c’est l’esprit d’équipe. Surtout avec la quasi-absence de pratiques. Aux États-Unis, quand tu joues pro, tu pratiques et vois tes coéquipiers tous les jours. Ici, la distance rend cela impossible. On a des gars de Québec, de Montréal, etc. Il est possible de ne pas aimer un joueur hors de la glace, mais dans la chambre, tu dois le respecter.

Un an plus tard, les 3L gagnaient la Coupe (rires)! Bien sûr, je ne dis pas que ‘est en raison de notre conversation, car ils ont une bonne équipe et ont eu une belle “run”, même si je crois que nous aurions pu gagner si nous n’avions pas eu autant de blessés/suspensions, mais je ne m’en sers pas comme excuse. Les 3L ont mérité leur championnat.

En dépit de cette chimie entre lui et ses coéquipiers, Medley ne croit pas pouvoir terminer sa carrière à Thetford, famille et travail obligent. L’éloignement de plusieurs équipes représente selon lui un problème et il a tenu à partager des idées qui pourraient le régler:

J’y vais une année à la fois et je me vois toujours à Thetford pour cette saison, mais le jour viendra où je devrai me rapprocher de chez moi (Montréal). Je me lève à 5h00 du matin pour m’occuper de mes enfants (Amy, 7 ans et Mya, 5 ans) et occupe un emploi pour le gouvernement. Si je devais manquer trop régulièrement, je serais dans l’obligation de demander un échange. Surtout à mon âge, je dois me tenir en forme d’autant plus que j’aimerais jouer jusqu’à 40 ans; le fait d’évoluer plus près de la maison me permettrait de pratiquer plus souvent et d’atteindre cet objectif.

Ce qui je crois faciliterait grandement les entraînements et la stabilité, c’est que chaque équipe favorise les joueurs locaux, ainsi que ramener les deux divisions comme à l’époque, où les équipes disputaient la majorité de leurs rencontres contre des adversaires à proximité. Par exemple, on pourrait diviser la ligue ainsi: RDL, Jonquière, St-Georges et Thetford d’un côté et Cornwall, Laval, Sorel et Trois-Rivières de l’autre.

Je sais cependant qu’une expansion s’en vient, et plusieurs parlent d’Edmunston… je doute que ce soit une bonne idée, car je crois qu’ils auront beaucoup de mal à y attirer des joueurs d’ailleurs que les provinces maritimes en raison de la distance de cette ville. Sans compter que cela engendrerait des frais de voyagement plus élevés qui pourraient nuire aux équipes moins fortunées…

Ceci n’est que spéculation, mais on peut imaginer qu’une équipe comme Laval, qui aimerait sans doute acquérir les services d’un défenseur de qualité pour alléger la tâche de St-Jacques, représenterait une destination intéressante pour Medley, qui réside à Montréal et a déjà fait partie de l’organisation.

On ne sait jamais, le hockey est une business et l’organisation pourrait très bien m’échanger sans que j’en fasse la demande. Il est vrai que St-Jacques et moi sur la même paire ça te change une équipe, mais j’ai re-signé avec Thetford. Mon focus, en ce moment, c’est l’Assurancia.

Crédit photo: Jean-Hugo Savard, TC Media

Crédit photo: Jean-Hugo Savard, TC Media

Le gardien des Prédateurs justement, Adam Russo, avait ceci à dire sur son tortionnaire adversaire, démontrant le respect dont jouit Medley à travers la ligue:

Ce vieux pet est brutalement mauvais et tu peux l’écrire… Non, sérieusement, c’est un super bon gars hors de la glace et tout un défenseur sur celle-ci. Il est très difficile à affronter, réussissant toujours à trouver  le filet à travers le trafic et très intelligent en possession de la rondelle à la ligne bleue. Je suis content qu’il demeure au sein de la LNAH.

Il n’est sûrement pas le seul. Les défenseurs de plus d’un point par match sont rares. Les joueurs aussi volubiles et francs en entrevue le sont encore plus. Pendant combien de temps encore la vie permettra-t-elle à Medley d’exploiter ces talents à Thetford?

À suivre…

Hockeyment vôtre,

Serge Côté

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Création: Hugo Cotnoir

Création: Hugo Cotnoir


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