Serge Côté Rabid Habs
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Sylvain Deschatelets: la victoire dans les veines
Le 8 mai dernier, les 3L de Rivière-du-Loup (RDL) ont été sacrés champions de la LNAH en remportant la Coupe Vertdure suite à une finale enlevante de sept matchs âprement disputés aux Éperviers de Sorel-Tracy.
Plusieurs joueurs, dont Guillaume Decelles, Étienne Archambault, Marc-Olivier d’Amour, Francis Trudel et Maxime Villemaire se sont démarqués mais c’est surtout la tenue du capitaine Sylvain Deschatelets qui a retenu l’attention.
En plus d’une performance dominante de 34 points (dont 26 aides) en 18 rencontres qui lui a valu le trophée Mario-Deguise (meilleur joueur des séries), Deschatelets a fait preuve de beaucoup de leadership tout au long des séries et de la saison régulière, notamment suite à un violent coup de bâton au visage encaissé pendant la finale, coup qui l’a mené à l’hôpital et lui a coûté quelques dents, mais qui ne l’a pas empêché de retourner à la guerre dès le match suivant.
Deschatelets n’en était cependant pas à sa première bataille. En effet, des championnats à San Diego (ECHL) et Sherbrooke (LNAH) en 2003 et 2011, respectivement, ont précédé celui-ci pour le vétéran de 36 ans. Et, exploit peu banal, “Sly” a terminé au premier rang des compteurs en séries à chaque occasion!
Comment compare-t-il les trois?
À San Diego, c’était un “feeling” semblable, car je n’étais là que depuis deux ou trois saisons, j’avais joué un rôle important et nous avions gagné la coupe lors d’un septième match à domicile. C’était presque comparable à RDL, mais pas tout à fait; à Sherbrooke, c’était différent car je n’y ai joué qu’une seule saison. Malgé cela c’était spécial, car l’équipe éprouvait des difficultés financières et nous avons joué sans être payés, donc tout le monde n’était là que pour l’amour du sport. De plus, nous avions vraiment une belle équipe de vétérans, avec les Yannick Tremblay, Jean-François Laplante, Mathieu Dumas, Yann Joseph, Éric Perricone et plusieurs autres.
Mais ceci est mon troisième championnat et de loin le meilleur, pour plusieurs raisons.
Par exemple?
La chambre des 3L en est une très unie. Tous les gars se tiennent. Habituellement, gagne ou perd, il y a un ou deux joueurs que tu aimes moins. Ce n’est pas le cas avec cette équipe, ce qui est plutôt rare. À RDL, la chimie est indescriptible. Nous sommes tous amis, sur et hors de la patinoire.
Excellent résumé des séries mémorables de Sylvain Deschatelets –
Images et montage: Christine “Tigalop” Labrie
Nul doute que pour avoir une telle chimie, l’entraîneur et le capitaine doivent avoir un effet rassembleur et travailler ensemble étroitement, ce qui est le cas pour Deschatelets et Alain Gardner, qui après avoir pris les rênes d’une équipe en déroute au milieu de la saison dernière, l’a menée à son premier championnat à peine plus d’un an plus tard. Gardner donne une grande partie du crédit à son capitaine, avec qui il a une excellente communication depuis le tout début:
Dès le premier jour du camp, il m’a dit: “Alain, je suis en pleine forme et c’est cette année qu’on gagne.” Donc immédiatement, j’ai communiqué aux joueurs que c’est cette saison qu’on y va pour la Coupe et Sly, toute la saison, a montré le chemin à ses coéquipiers et a été un véritable allié pour moi; nous communiquons bien et je respecte tout ce qu’il me dit, car il veut gagner.
C’est ainsi qu’ensemble, nous avons bâti une confiance. Les joueurs ont embarqué car ils savent que Sylvain et moi avons le même but: gagner. Oui, souvent on se parlait “solide”, mais nous avions tous deux un seul objectif: la Coupe. Il a été un élément très important tant pour moi que pour l’équipe. C’est un vrai leader. Dans le vestiaire, sur le banc et sur la glace.
Dany Massé, ancien espoir du CH qui s’est joint aux 3L en cours de saison, abonde dans le même sens:
Depuis le début des séries, Sly était en mission! Il était prêt à faire n’importe quoi pour aider l’équipe à gagner et n’avait qu’une idée en tête: emmener la coupe à RDL. C’est un vrai leader et il a su nous motiver tout au long des séries tant sur la glace qu’en dehors. Ce fut une expérience extraordinaire de vivre cette coupe avec une belle gang comme ca!
Deschatelets, lorsqu’on lui transmet les propos du coach sur la communication entre eux, vante ce dernier à son tour:
Alain est un excellent entraîneur, à l’écoute de ses joueurs. Dès son arrivée en poste l’an dernier, il a dit qu’il visait une place parmi les quatre premiers au classement et ensuite, dépasser la première ronde des séries. Je lui ai répondu que je ne visait ni l’un, ni l’autre. Mon but, c’était le championnat. Il a compris le message et a accompli un boulot exceptionnel avec le groupe qu’on avait!
Capitaine d’une jeune équipe, Deschatelets est néanmoins appuyé par de bons vétérans, dont, entre autres, Massé, Samuel Lévesque, Marc-André Tourigny et le #Warrior Ryan Murphy, qui avant le match décisif de la finale, y est allé d’un discours des plus inspirants que le capitaine a tenu à souligner:
Son speech nous a tous fait pleurer… on a eu tellement d’inspiration dans les séries avec ce groupe de gars… C’était tout simplement magique … En commençant avec Chad lacasse et sa blessure; on a tous mis son numéro 15 sur nos casques. Puis, Francis Trudel le guerrier avec ses blessures… ensuite, Chad qui revient pour l’échauffement du match #7. C’était très spécial. Et le feeling qu’avaient les gars est très dur à décrire.
Ce feeling sera-t-il suffisant pour ramener le capitaine dans le Bas-du-Fleuve afin d’y emmener une deuxième coupe consécutive? Richard Martel, nouvel entraîneur des Marquis de Jonquière, a récemment affirmé qu’il prendrait son ancien poulain dans son nouveau club “demain matin” si l’occasion se présentait. Deschatelets songerait-il à aller rejoindre son coach junior? Peu probable, si on considère qu’en février dernier, le sympathique attaquant avait mentionné “off the record” à l’auteur de ces lignes (à qui il a permis de l’écrire dans cet article) qu’il n’était pas certain de vouloir retourner à Rivière-du-Loup en 2015-16 et songeait à la possibilité de joindre les rangs d’une autre formation en raison de sa situation familiale et de la distance à parcourir entre son domicile et celui des 3L, alors que Jonquière est encore plus éloigné.
Lorsqu’on gagne un championnat, cependant, notre vision de certaines choses risque de changer, comme dans le cas du Blainvillois vis-à-vis l’idée de quitter les 3L:
Comme j’ai mentionné aux médias de RDL, si je rejoue l’an prochain, je ne crois pas pouvoir le faire pour une autre équipe… c’est du moins mon “feeling” du moment.
Cela dit, Richard est l’entraîneur ayant exercé la plus grande influence sur moi. Il m’a aidé à forger mon caractère et j’ai le plus grand respect pour lui. Son arrivée au sein de la LNAH est tellement une bonne chose pour la ligue. Je partage sa philosophie: pour qu’elle obtienne de la bonne visibilité, il faut arriver en 2016. La finale s’est d’ailleurs avérée un pas dans la bonne direction. On a eu droit à du vrai hockey de séries de très haut calibre et Sorel aurait pu gagner aussi. Mais heureusement c’est nous qui avons gagné (sourire). En plus les fans étaient incroyables. Juste WOW!
Ajoutant au plaisir du championnat est le fait de l’avoir remporté devant ses parents, Germaine et Réal (guitariste du populaire groupe des années 60 Les Excentriques), qui ont toujours suivi sa carrière de très près, assistant à plusieurs de ses matchs malgré la distance à parcourir. Inutile de dire que c’est un M. Deschatelets heureux qui a partagé sa fierté pour cet article:
Son parcours dans le hockey… il a toujours été choisi parmi les meilleurs en Europe, aux États-Unis et dans son pays. Il a toujours été apprécié partout où il a joué. C’est un jeune homme irréprochable dans plusieurs aspects: hockey, éthique de travail, esprit d’équipe… il ne pense qu’à aider ses coéquipiers. Il a un grand coeur et est fidèle à son équipe a 100%. Sa famille entière l’admirons et sommes très fiers de nos deux garcons, qu’on se considère chanceux d’avoir.
Sylvain apprécie grandement ce soutien de ses parents, récompensé par ce championnat qu’ils ont eu l’occasion de partager avec leur fils:
Ils m’ont toujours suivi toute ma carrière et je suis vraiment content qu’ils aient pu vivre ce moment inoubliable. Cependant, même si j’apprécie leur intérêt pour ma carrière et la LNAH, je trouve qu’ils sont beaucoup trop actifs sur les réseaux sociaux! (rires)
En fait, je dois beaucoup à toute ma famille, en particulier ma femme Marie-Ève, pour tous les sacrifices qu’ils font pour moi les fins de semaines. Ça prend une conjointe qui comprend et respecte ma passion, parce que ce n’est pas toujours facile!
Malgré son âge vénérable de 36 ans, Sylvain Deschatelets est toujours l’un des joueurs les plus productifs de la LNAH. Espérons que malgré la distance et sa situation familiale, ce gagnant pourra revenir pour une autre saison afin de donner à nouveau tout ce qu’il a (dont quelques dents, malheureusement non couvertes par la Fée rendu à cet âge) pour offrir aux passionnés fans louperivois un deuxième championnat. Les 3L et la LNAH n’en sortiraient que gagnants.
Hockeyment vôtre,
Serge Côté