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Vincent Paquette

Published on Wednesday, March 23, 2016

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Analyse de la gestion de Bryan Murray

C'est toute une sortie publique qu'a effectuée hier le propriétaire des Senators de Ottawa, Eugene Melnyk.

«Après une saison comme celle-ci, personne n'est en sécurité. Tout le monde est sous un microscope... Ce club aurait dû être un des cinq ou six meilleurs de toute la LNH... À la place, cette saison a été une montagne russe d'espoir et de désarroi».

La saison des Sénateurs a effectivement de quoi être décevante, mais de là à croire que l'équipe aurait dû être l'une des cinq ou six meilleures équipes de la ligue il y a un énorme pas à franchir.

Qu'à cela ne tienne, il faut s'attendre à des changements majeurs cet été du côté de la capitale nationale et le premier ciblé sera certainement l'entraineur Dave Cameron. Melnyk ne s'est d'ailleurs pas gêné pour lui envoyer une flèche en déclarant que la décision de mettre le gardien Matt O'Connor lors du match d'ouverture était stupide.

Si une épée de Damoclès semble être suspendue au-dessus de la tête de Dave Cameron, il ne faudrait pas non plus être surpris si Bryan Murray quittait ses fonctions de directeur général. Inévitablement, Murray devra céder son poste, lui qui est atteint d'un cancer colorectal incurable. Reste à savoir si ce sera cette année qu'il quittera ses fonctions pour peut-être devenir conseiller au sein de l'organisation.

En poste depuis juin 2007, à la suite de la participation des Sénateurs à la finale de la Coupe Stanley, son parcours à la barre de l'équipe demeure mitigé. Murray qui en est à sa 9e saison avec l'équipe n'a jamais su mener sa formation aussi loin que son prédécesseur. Revoyons en rafale quelque-une des ses décisions au cours des dernières saisons sous trois catégories : ses transactions, ses choix de repêchage et sa gestion de contrat.

Ses transactions

À ce niveau, Murray a effectué 47 transactions au cours de ses neuf années à Ottawa. La majorité a été des échanges que l'on pourrait qualifier de marginaux. Cependant, comme tout directeur général qui est en poste depuis si longtemps, certaines de ces transactions ont tourné au vinaigre.

Avec le recul, sa pire transaction est certainement celle de 2010 où il envoya son 1er choix à St.Louis en échange du défenseur David Rundblad, sélectionné au 16e rang l'année précédente. Rundblad n'a jamais su s'imposer dans la LNH, alors que le 1er choix des Sénateurs est devenu un certain Vladimir Tarasenko.

Ironiquement, cette transaction a permis à Murray d'effectuer l'une de ses meilleures transactions quelques années plus tard. Abandonnant dans le cas de Rundblad, Murray l'échange en compagnie d'un 2e choix à Phoenix en retour de Kyle Turris qui en arrachait du côté des Coyotes. Turris est devenu avec le temps l'un des meilleurs attaquants des Sénateurs. Malgré tout, il n'arrivera jamais à la cheville de Tarasenko.

Outre ses deux transactions, notons également l'échange envoyant Ben Bishop aux Lightning en retour de Cory Conacher et d'un 4e choix. L'acquisition de Bobby Ryan en retour de Jakob Silfverberg, Stefen Noelsen et un 1er choix qui est devenu Nick Ritchie. Puis, l'acquisition du 1er choix des Predators de Nashville de 2008 en retour du 1er choix d'Ottawa cette même année et leur 3e choix en 2009. Le choix acquis des Prédateurs deviendra sans conteste la meilleure sélection des Sénateurs, soit Erik Karlsson.

Ses choix de repêchage

En lien avec cette sélection, le bilan de Bryan Murray aux séances de repêchage peut être jugé d'un bon oeil.

Dans l'ensemble, ses choix de 1re ronde ont majoritairement tous été de bon choix. La sélection d'Erik Karlsson demeure évidemment le plus gros coup de circuit de l'histoire des Sénateurs. Les sélections respectives de Mika Zibanejad (2011), Cody Ceci (2012), Curtis Lazar (2013) et Thomas Chabot (2015) représentent également de très bons choix. Par contre, celles de Jim O'Brien (2007), Jakub Culek (2010) n'ont jamais rapporté leurs dividendes. Mais bon, quel directeur général ne s'est jamais trompé en 1re ronde ?

Outre les choix de 1re ronde, ses sélections dans les rondes subséquentes ont souvent été également de très bon choix. Pensons aux Zack Smith (3e ronde 2008), Jakob Silfverberg (2e ronde 2009), Robin Lehner (2e ronde 2009), Mike Hoffman (5e ronde 2009), Mark Stone (6e ronde 2010) et Jean-Gabriel Pageau (4e ronde 2011).

Murray a donc su s'entourer de bons dépisteurs et a surtout fait une grosse acquisition en Pierre Dorion, l'assistant directeur général de l'équipe, mais surtout chef des opérations en matière de repêchage depuis 2008 et qui est derrière l'ensemble de ces choix de repêchage présenté ci-haut.

Ses gestions de contrats

Terminons avec sa gestion des contrats et ses signatures sur le marché des joueurs autonomes.

À ce dernier niveau, Murray n'a jamais couvert personne d'or lors du 1re juillet. Ce dernier s'est la plupart du temps contenté d'effectuer des signatures mineures en vue de pallier des besoins de profondeur dans l'équipe ou de prendre quelques risques avec notamment les anciens du Canadiens de Montreal ; Guillaume Latendresse et Alex Kovalev. La réalité du marché d'Ottawa est surement l'une des principales raisons de cette gestion financière. Néanmoins, cela ne l'a tout de même pas empêché de signer Sergei Gonchar en 2010, en lui accordant un contrat de 5.5 millions par saison pour trois ans. Cette signature représente sa plus importante avec les Sénateurs lors d'un 1re juillet.

Enfin, au niveau de sa gestion de contrat au sein même de son organisation, Murray est toujours resté somme toute modeste, bien que des exceptions ont pu se glisser. Il y a eu notamment le contrat accordé à Dany Heatley en 2007 qui lui accordait 7.5 millions par saison pendant 6 ans. Ce contrat deviendra rapidement un boulet à mesure que les performances de Heatley alla en périclitant et qui força en autre à l'échangé à San Jose en 2009. Il y a également eu la signature de Bobby Ryan en 2014 où Murray lui accordé un contrat de 7.25 millions par saison pour 7 ans. Un contrat qui pourrait devenir un boulet avec le temps.

Outre ces grosses signatures, Murray a su maintenir une gestion responsable n'accordant pas des contrats indécents à ses meilleurs joueurs comme par exemple Craig Anderson signé à 3.18 millions pour 4 ans en 2011 puis à 4.2 millions pour 3 ans l'été dernier ou Kyle Turris signé à 3.5 millions pour 5 ans en 2012 et enfin Mark Stone signé à 3.5 millions par saison pour 3 ans. La signature d'Erik Karlsson en 2012 pour un contrat de 7 ans à hauteur de 6.5 millions de dollars par saison est sans surprise l'une de ses plus belles signatures, tant ce contrat semble dérisoire compte tenu de ses performances.

En conclusion

En sommes, Bryan Murray n'a pas effectué un mauvais travail à Ottawa, sinon il ne serait jamais resté en poste aussi longtemps. Mais le succès d'un directeur général se mesure au niveau des performances de son équipe sur la glace et c'est à ce niveau où le bât blesse. Les Sénateurs sous Murray n'ont jamais su devenir des aspirants sérieux à la coupe et elle ne semble pas près de l'être au cours des prochaines années. Les Sénateurs ont bien participé aux séries éliminatoires à cinq reprises durant son règne, il reste que l'équipe n'a franchi qu'une seule fois la première ronde.

Ceci n'augure rien de bon pour le propriétaire Eugène Melnyk qui espère voir son équipe devenir l'une des meilleures formations de la ligue. Des changements auront lieu cet été et le règne de Murray pourrait bien prendre fin dans ce grand ménage promis par Melnyk.

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Crédit Photo : CBC

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