Nicolas Ganzer - Fanadiens.com

C’est à Lausanne, hier soir, que Cristobal Huet, 43 ans, a fini sa carrière sur la victoire de son équipe, le Lausanne HC. Une victoire dans un match sans enjeu, mais pas sans émotion.

Toute la famille et les amis de Huet étaient dans les gradins, lui qui est né en 1975 en France à St-Martin d’Hères, à quelque 200 km plus à l’ouest.

C’est le plus grand hockeyeur français qui tire sa révérence après une carrière unique de 23 années qu’aucun autre Français n’a effectuée avant lui. Notamment en étant le seul joueur français ayant soulevé la coupe Stanley.

Ses débuts

Cette carrière il l’a commencé avec l’équipe de Grenoble, les Brûleurs de Loups, en 1995. Mon équipe.

Lors de sa troisième saison, il remporte le trophée du meilleur gardien de la ligue française. Et la saison d’après, celle de 1997-98, il permet à Grenoble de remporter la coupe Magnus et de remporter, par la même, le trophée du meilleur joueur de la ligue.

Pour l’avoir vu joué plusieurs fois dans ma jeunesse, notamment l’année du sacre, il était juste au-dessus de tout le monde. On pouvait déjà sentir que la ligue française n’était pas digne de son talent.

L’année de la victoire restera gravée dans ma mémoire, et même si j’étais légitimement triste de son départ de Grenoble pour la ligue suisse, on ne peut pas retenir une chenille de devenir un papillon.

L’étape suisse

Il débarque donc en suisse avec l’équipe du HC Lugano. La Suisse à un niveau de championnat très supérieur à celui de la France. Et dès sa première année, il permet à son Lugano de remporter le titre. Il finira la saison avec un % d’arrêt au-delà de 0,95?!

L’année suivante, malgré l’apport de son compatriote Philippe Bozon qui revient d’une expérience en LNH, l’équipe échouera en finale. Après encore une année où il domine à son poste, ses performances sont remarquées de l’autre côté de l’atlantique, par les Kings de Los Angeles qui le sélectionne en 7^e ronde, 214^e au total, de l’encan 2001.

Une nouvelle tellement inattendue, que Huet ne l’apprendra que le lendemain  !

Il a alors déjà 26 ans et est le premier Français de l’histoire a être repêché en LNH. Philippe Bozon, le premier Français en LNH, avait obtenu un contrat après avoir été invité au camp d’entrainement des Blues de Saint-Louis.

La grande ligue

Malgré l’appel de la LNH, Huet décide de rester une année de plus avec Lugano et traverse l’atlantique l’année suivante. Il commencera avec le club-école des Kings puis effectuera son premier match dans la grande ligue le 3 février 2003.

Il finira la saison en tant que gardien remplaçant et la saison suivante il obtiendra une quarantaine de départ en raison de la blessure du gardien titulaire des Kings, Roman Cechmanek.

Il sera cependant échangé lors du repêchage 2004 aux Canadiens de Montréal. Équipe pour laquelle il commencera à jouer seulement le 27 novembre 2005 suite au Lock-out de la saison 2004/05 et a une blessure au genou.

Et c’est là que sa véritable histoire commence. À Montréal. Là où les partisans sont tombés amoureux du «?cousin?», comme aime le rappeler Cristobal dans les entrevues?!

Il commença comme doublure de José Théodore et deviendra, petit à petit, le gardien numéro 1. Son efficacité, en plus des difficultés de Théodore, lui permet de démontrer toute l’étendue de son talent?!

En ayant commencé la saison en retard, il arrive à enregistrer 7 blanchissages et finit même par remporter le trophée Roger Crozier avec un taux d’efficacité de 92,9 %?!

Il passera les deux saisons ½ suivantes avec Montréal, devant se battre à chaque fois pour garder la place de gardien titulaire, contre Théodore, puis Aebischer et Halak.

Il deviendra même le premier Français de l’histoire à participer au Match des étoiles de la LNH en janvier 2007?!

Cependant, il sera échangé aux Capitals de Washington en février 2008 en retour d’un choix de 2e ronde pour l’encan 2009.

La raison principale provenant de l’émergence de nul autre que… Carey Price :

Son aventure avec Montréal se termine abruptement, mais commence très fort avec Washington.

À son premier match, 3 jours après avoir été échangé, il permet à son équipe de gagner en réalisant un blanchissage. Il jouera 13 matchs avec les Capitals, enregistrant 11 victoires, dont 9 consécutifs. Ce qui constituait la plus longue série depuis Pete Peeters en 1987?!

Il permettra aux Capitals d’accéder à la ronde printanière en remportant le titre de la division. Ils échoueront cependant contre Philadelphie en première ronde sur le score de 4 à 3.

Chicago et la Coupe Stanley

À la fin de la saison 2008, il décide de tester le marché des joueurs autonomes. C’est les Blackhawks de Chicago qui remportent le cœur du joueur en signant un contrat de 4 ans estimé à 22,5 millions.

Encore une fois, Huet doit se battre pour conserver sa place de gardien numéro 1, Joël Quenneville décidant d’alterner lui et Nikolai Khabibulin. Il finira la saison avec un taux d’efficacité de 90,9 % et une moyenne de buts alloués de 2,53.

La saison suivante, il sera le gardien numéro 1, secondé par Antti Niemi. Huet jouera 48 matchs lors de cette saison pour 26 victoires, un taux d’efficacité de 0,895 et une moyenne de buts alloués de 2,5. Il se blessera cependant pour les séries éliminatoires.

Chicago remportera la Coupe Stanley cette année-là, et Huet devient le 1^er Français à inscrire son nom sur le précieux trophée. Il a alors 35 ans.

Retour en Europe

Malheureusement, l’arrivée de Marty Turco à Chicago signe la fin de l’aventure LNH pour Huet. L’équipe de Chicago souhaitant se débarrasser de son lourd contrat. Vu qu’aucune équipe de la LNH ne se manifeste.

L’équipe suisse Fribourg-Gottéron trouve un accord avec Chicago pour une saison, qui se transformera en deux saisons.

En 2012, il décide de signer avec l’équipe suisse du Lausanne HC qui est en 2e division suisse. Il permet à l’équipe de retourner en 1ere division suisse, après un purgatoire qui aura duré 8 longues années.

C’est donc une histoire d’amour de 6 saisons qui se termine à Lausanne, là où il a donc décidé de finir sa longue et incroyable carrière. Lui qui est devenu gardien de but par hasard.

L’équipe de Grenoble n’ayant personne à cette position, il avait décidé d’essayer sur un : «?pourquoi pas??!?»

Un bien beau parcours pour un athlète aussi gentil que talentueux.

Je souhaite, personnellement, une belle retraite à un des joueurs qui a su me faire tomber en amour avec ce sport.

Bon vent champion?!

Que vous rappelez-vous de son passage à Montréal??

Crédit photo : Lapresse.ca, Lausanne Hockey Club, nhl.com,